États généraux « psy » sur la radicalisation
Le phénomène de la radicalisation touche majoritairement des jeunes, dont les deux tiers ont entre 15 et 26 ans. Leurs familles, leurs proches, leurs milieux social, culturel et scolaire en sont directement affectés. La radicalisation fait planer des menaces sur la vie commune, sur les droits fondamentaux des citoyens et sur l’ensemble de la société. Elle peut mener à la violence. Il s’agit d’un phénomène mondial évolutif et multiforme, installé durablement, ainsi que le soulignent de nombreuses organisations internationales. Les raisons de la radicalisation sont complexes. Elles relèvent d’un réseau de causalités locales et globales, individuelles et collectives correspondant aux mutations des temps actuels.
Parmi les causes sous-jacentes qui conduisent des jeunes à la radicalisation, certaines d’entre elles sont étroitement liées à des perturbations de la transition juvénile, à des vulnérabilités résultant d’entraves au développement ou de traumatismes, à des lésions affectant la singularité subjective, et dans certains cas à des états psychopathologiques. Les acteurs des soins psychiques, particulièrement les psychiatres et les psychologues, sont concernés par ces situations. Leurs champs propres impliquent des responsabilités en termes de pratique clinique, de règles déontologiques, de constructions théoriques partagées. Ces responsabilités sont en résonnance ou en relation avec celles d’autres acteurs politiques, sécuritaires, judiciaires, éducatifs, etc.
La nouveauté du phénomène de la radicalisation et sa complexité obligent à constituer des espaces d’échange et d’élaboration, de partage des bonnes pratiques réunissant les institutions publiques, les secteurs associatifs et privés. Au cours des trois dernières années, depuis les attentats de 2015, des psychologues et des psychiatres, avec d’autres professionnels, se sont engagés dans des expériences de traitement de la radicalisation, initiées par l’État, par les collectivités locales et par la société civile. Des chercheurs de plusieurs disciplines ont apporté des contributions de haut niveau (Cf. CNRS, L’Alliance Athéna). Cet ensemble d’efforts constitue des ressources de connaissance qui attendent d’être partagées, discutées, rendues publiques. Le but des états généraux « psy » sur la radicalisation est de mettre en œuvre ce chantier, à travers une rencontre à la hauteur des enjeux et de l’urgence. L’appel des autorités de l’État aux psychologues et aux psychiatres mérite que les réponses ne soient pas seulement le fait d’initiatives personnelles ou de groupes, mais qu’il mobilise largement le secteur des soins psychiques, afin d’appréhender collectivement l’état des savoirs et des savoirs faire, de mesurer les possibilités et les limites des interventions. Des chercheurs en sciences humaines et sociales, des praticiens d’autres champs professionnels, des responsables politiques seront conviés à participer à ces assises.